Portrait de Dany Boon

Publiée le 17 décembre 2024

Dany Boon s’est rendu au contact des étudiants au sein de l’école ISA au campus de Paris, après des débuts difficiles comme mime de rue à Paris, il s’impose dans le one-man-show grâce à des sketchs inspirés de sa région natale. Son succès cinématographique éclate avec Bienvenue chez les Ch’tis (2008), qui bat tous les records d’audience. Acteur et réalisateur prolifique, il alterne comédies populaires et rôles plus émotionnels tout en explorant de nouveaux projets ambitieux.

Après avoir été secouriste dans le nord de la France, sa région natale, Dany Boon arrive à Paris dans les années 80, uniquement avec sa guitare sur le dos. « Ma mère, qui s’était beaucoup sacrifié pour nous, m’avait donné toutes ses économies de femme de ménage, et j’avais débarqué avec mon sac à dos et ma guitare », confie-t-il. C’est une période de galère pour le futur acteur et réalisateur : très vite endetté, il doit faire du mime de rue pour tenter de gagner sa vie. « À ce moment-là, je faisais du spectacle de rue. Du mime, le clown et de la guitare. C’était réellement compliqué parce que je n’avais pas un radis et que je devais de l’argent à tout le monde. » Après deux années particulièrement difficiles, il commence enfin à sortir la tête de l’eau lorsqu’il est engagé comme dessinateur pour des films d’animation. « J’ai commencé à rembourser mes dettes. Mais rien ne se concrétisait sur le plan artistique. Je n’étais jamais pris dans les castings et je me faisais jeter partout. » 

  

C’est en écrivant des sketchs, inspirés par son observation de la vie quotidienne et sa région natale, qu’il entame sa carrière. En effet, repéré par Patrick Sébastien, il se produit sur scène, tout en faisant de la musique et en prêtant sa voix à des spots publicitaires. Au début des années 90, ses spectacles de one-man-show connaissent enfin le succès, mais ses prestations au cinéma ne sont guère remarquées. Il faut attendre Joyeux Noël (2005) de Christian Carion pour que son rôle à contre-emploi, dans un registre plus émotionnel, lui vaille une nomination au César. On le retrouve en ami encombrant de Daniel Auteuil dans Mon meilleur ami (2006) de Patrice Leconte, puis il adapte une de ses pièces pour le cinéma avec La Maison du bonheur (2006), sa première réalisation. Deux ans plus tard, avec son deuxième long métrage, Bienvenue chez les Ch’tis, il bat tous les records du box-office en dépassant les 20 millions d’entrées ! (et même 26 millions dans le monde). « C’était un beau cadeau de la vie », reconnaît-il. « Je crois que c’est ce que raconte le film – au moment où il est sorti – sur la fraternité, sur le souci de l’autre, qui en explique le succès. Contrairement aux comédies hollywoodiennes qui mettent en avant la réussite professionnelle, je voulais parler d’un simple facteur – et j’ai dû me battre pour convaincre les producteurs de me suivre ! » D’ailleurs, une fois le film achevé, la production mène une étude de public et explique à Dany Boon qu’il ne plaira pas aux moins de 30 ans ! 

  

Désormais, tout le monde veut tourner avec Dany Boon et celui-ci est à l’affiche de plusieurs productions ambitieuses comme De l’autre côté du lit (2009) avec Sophie Marceau, Le Code a changé (2009) de Danièle Thompson et le très remarqué Micmacs à tire-larigot (2009) de Jean-Pierre Jeunet. Côté réalisation, il signe Rien à déclarer (2011), autour des relations parfois tendues entre douaniers belges et français, où il donne la réplique à Benoît Poelvoorde. Même s’il ne renoue pas avec un succès comparable à Bienvenue chez les Ch’tis, le film enregistre plus de 8 millions de billets vendus ! En 2014, il réalise la comédie Supercondriaque, où il retrouve son partenaire Kad Merad, et dépasse les 5 millions d’entrées. Ce qui ne l’empêche pas de jouer pour d’autres metteurs en scène, de Lolo (2015) de Julie Delpy, où il est savoureux en provincial qui débarque à Paris dans un milieu qui ne lui fait pas de cadeau, à Radin ! (2016) de Fred Cavayé, où il est tout aussi irrésistible en avare pathologique.  

  

En 2018, il réalise La Ch’tite famille où il égratigne les préjugés sur le nord et tourne en dérision le milieu ultra-snob des architectes. Très émouvant dans Une belle course (2022) de Christian Carion, aux côtés de Line Renaud, sa « maman de cinéma », il est épatant en entrepreneur marseillais dans Mon crime (2023) de François Ozon. « J’étais ravi et flatté », reprend Dany Boon en évoquant sa participation au film. « J’aime le cinéma d’Ozon. Même si j’ai toujours une petite appréhension. Est-ce qu’on m’appelle pour les bonnes raisons ? Est-ce que je corresponds au rôle ? Je lis le scénario, je trouve ça intelligent et drôle, dans la lignée de Huit femmes et Potiche. » Puis, il signe La Vie pour de vrai, où il retrouve Kad Merad et accueille une nouvelle venue dans son univers : Charlotte Gainsbourg. Cette année, il a accompagné le premier long métrage de Laurence Arné, La Famille Hennedricks, road-trip sensible et drôle, autour des familles recomposées. « J’ai commencé par suivre les différentes versions du scénario et j’ai soutenu Laurence dans son projet d’écriture et de réalisation de premier film. J’ai aimé la manière dont elle en parlait, ce qu’elle voulait en faire, et je trouve qu’elle a un talent d’écriture et de réalisatrice », conclut-il. 

Portrait Jean-Baptiste Delafond

Publiée le 16 décembre 2024

Jean-Baptiste Delafon s’est rendu au contact des étudiants au sein de l’école ISA au campus de Paris, passionné de cinéma et diplômé en philosophie, il s’est imposé comme un scénariste incontournable, tant pour la télévision que pour le cinéma. De Maison close à Baron Noir, il explore des univers variés, tout en collaborant étroitement avec des réalisateurs comme Thomas Kruithof et Yann Gozlan. Naviguant entre séries et longs métrages, il revendique une approche où chaque projet trouve son format idéal, tout en refusant l’étiquette de showrunner.

Après des études de philosophie, Jean-Baptiste Delafon, qui est très cinéphile, se tourne vers l’écriture pour le cinéma et la télévision. Il écrit quelques projets de longs métrages, qui ne se montent pas, et s’intéresse au petit écran dès le début des années 2000. « C’était une époque beaucoup moins riche qu’aujourd’hui, où il n’y avait pas encore les créations originales de Canal Plus et pas d’espace pour les séries d’auteur, alors qu’il y en avait à l’étranger, et surtout aux États-Unis », se souvient-il. « Et il y avait peu de raison d’espérer que la situation change. » En repérant les noms des sociétés de production aux génériques des séries, il inonde le marché de ses synopsis pendant plusieurs mois d’affilée. Il est alors engagé pour participer à Julie Lescaut sur TF1, puis à des polars comme PJ pour France 2. 

  

Rapidement catalogué comme auteur de séries policières, Jean-Baptiste Delafon ressent le besoin de changer de registre. « C’était le moment où Canal a lancé les créations originales », reprend-il. Il collabore à une série sur Napoléon, qui ne se concrétise pas, puis réécrit un projet dont le scénario était bancal : Maison close. Mais c’est surtout avec Baron Noir, diffusé entre 2014 et 2017, qu’il s’impose comme un formidable scénariste de séries politiques. Il collabore également à D’argent et de sang de Xavier Giannoli – autour de l’arnaque sur la taxe carbone – dont il conçoit la structure. Il enchaîne avec Une amie dévouée, adaptée du livre La Mythomane du Bataclan, avec Laure Calamy, et Merteuil, relecture des Liaisons dangereuses, interprété par Diane Kruger et Vincent Lacoste. Il vient également en renfort sur Tapie de Tristan Séguéla, pour Netflix, aux côtés d’Olivier Demangel. Se considère-t-il pour autant comme un showrunner ? « Je n’emploie pas ce terme car il s’agit d’un auteur-producteur qui a tous les pouvoirs », explique-t-il. « Il a la responsabilité de livrer la série. Une telle fonction n’existe pas en France. » 

  

Côté cinéma, il coécrit 16 ans… ou presque de Tristan Séguéla et, surtout, Les Promesses de Thomas Kruithof, thriller sociopolitique parcouru par une tension constante et superbement interprété par Reda Kateb et Isabelle Huppert. Il a tout récemment coécrit le nouveau projet de Thomas Kruithof, Les Braises, porté par Virginie Efira et Arie Worthalter, qui évoque le surgissement de la politique dans la vie d’une famille pendant le mouvement des Gilets Jaunes.  Il a par ailleurs coécrit Visions de Yann Gozlan et travaille actuellement avec le même réalisateur pour Gourou, autour d’un coach de vie qui devient gourou, interprété par Pierre Niney. « C’est formidable d’explorer des sujets en se demandant s’il correspond davantage au cinéma ou à la télévision et d’avoir la liberté de trouver, pour chaque projet, son bon format », dit-il. « Je pense qu’il y a beaucoup d’échecs parce qu’ils n’ont pas le format adapté. » Aimerait-il passer à la réalisation ? « Pas du tout. Mais s’épanouir vraiment dans ce métier suppose d’avoir de vraies complicités avec certains réalisateurs. Comme avec Thomas [Kruithof] dont je suis extrêmement proche et avec qui je parle des rushes quatre fois par jour ! Quand on a les bons interlocuteurs il n’y a pas de frustration. » 

MAMAN, J’AI RATÉ MON FILM DE NOËL !

Publiée le 3 décembre 2024

Ho ho ho ! 

Eh oui, les fêtes de fin d’année approchent à grands pas ! Qui dit fin d’année dit chocolat chaud, regarder “Love Actually” pour la 24ᵉ fois (et pleurer au moment où Emma Thompson pleure dans la chambre, ah le mauvais souvenir), ou replonger dans “Le Grinch” (merci Jim !) en s’identifiant un peu trop à lui avant de finir l’année en beauté avec des bulles pétillantes. 🎄✨ 

Mais soyons honnêtes, ce qui marque vraiment les fêtes, c’est ce fameux phénomène des films de Noël. Dès mi-octobre, TF1, M6, W9 et j’en passe, nous bombardent de téléfilms festifs. Même les plateformes de streaming (un peu plus pudiques) attendent mi-novembre avant de lancer leurs playlists dédiées. Et franchement, à ce rythme, on aura des films de Noël diffusés pour le 14 juillet! 

Alors oui, on ne va pas se mentir : les téléfilms de Noël ne sont pas exactement des œuvres cinématographiques profondes ou révolutionnaires. Pourtant, ils captivent. Ils reviennent chaque année, un peu comme une recette qui marche à tous les coups. La réponse ? Une combinaison simple : la magie de Noël, saupoudrée d’amour et de clichés assumés. Et c’est vendeur ! ❄️☃️ 

Prenez Cindy, citadine qui retourne dans son village natal et retombe sur Jason, son amour de jeunesse qui travaille désormais à l’atelier du Père Noël. Ou encore Antonia, une pâtissière rêveuse qui, entre deux fournées de cookies, découvre que Matthew, le grincheux du coin, est en fait un prince héritier. Ajoutez des guirlandes, des pulls moches, et une pincée de neige artificielle, et voilà, vous avez une formule gagnante. 

Mais pourquoi ces clichés fonctionnent-ils ? Parce qu’au-delà de l’histoire d’amour prévisible, ces films touchent une corde sensible: l’émotion. 

Les fêtes de fin d’année, c’est bien plus qu’une ambiance cozy. C’est ce moment particulier où l’on fait le point. “Ok, j’en suis où ? Et surtout, avec qui j’en suis ?” Ce bilan parfois joyeux, parfois amer, trouve un écho dans ces films qui nous rappellent l’importance de l’amour, du pardon et des liens humains. 💝 

Ces récits nous plongent dans des souvenirs chaleureux, qu’ils soient vécus ou fantasmés : des retrouvailles en famille, des traditions d’enfance, ou cette envie d’un miracle qui viendrait tout arranger. Et dans une période hivernale où les journées sont courtes et les cœurs parfois lourds, quoi de mieux qu’un film doux, prévisible, avec une fin heureuse, pour réchauffer un peu notre moral ? UN SACREE BON TIMING LA TELE BRAVO ! 

Il y a aussi cet univers visuel enchanteur : lumières scintillantes, paysages enneigés, décors féériques. Même si vous vivez à Paris, où la neige est devenue un miracle rare (bon, il a neigé récemment, donc on peut rêver), ces films nous transportent dans un monde où tout semble possible. Le Père Noël cligne des yeux, et hop, tous les problèmes disparaissent. Ce n’est pas réaliste ? Bien sûr que non. Mais c’est ça la magie de Noël : croire que, peut-être, les miracles existent. 🎅✨ 

Et puis, soyons honnêtes, on adore aussi ce clin d’œil à nos réalités. Vous n’avez jamais rêvé d’un « claquement de doigts à la Joséphine Ange Gardien » pour régler vos soucis ? Eh bien, ces films jouent sur cette corde d’évasion, nous offrant une pause bienvenue dans nos quotidiens. 

Au-delà de leur contenu, ces films sont devenus une tradition à part entière, tous comme noël (au final). Chaque année, après Halloween (ou avant, soyons réalistes), ils s’installent sur nos écrans et dans nos rues comme un rendez-vous inévitable. Que ce soit “Harry Potter”, “L’Étrange Noël de Monsieur Jack”, ou des classiques comme “Maman, j’ai raté l’avion !” ces diffusions répétées font partie intégrante de nos fêtes. ✨ 

Et ne dites pas que vous n’avez jamais vu de film de Noël ! Même “Die Hard” (oui, c’est un film de Noël), ou “Narnia” (il y a de la neige et un Père Noël, ça compte) entrent dans cette catégorie. 

Parce qu’au fond, ces films ne sont pas que des histoires. Ce sont des moments de partage. Ils nous rappellent que l’art, qu’il soit cinématographique ou littéraire, a pour but de nous faire ressentir. À travers ces récits simples, on se retrouve, on se réconforte, et parfois, on rêve à des lendemains plus doux. 

Alors non, ces films ne gagneront pas de César ou d’Oscar. Mais ils ont une mission bien plus précieuse : nous rappeler ce qu’il y a de beau dans les fêtes et qu’il faut quelquefois ne pas se prendre trop la tête et respirer. 

Et si cela vous inspire, pourquoi ne pas créer votre propre histoire ? Allez, prenez une plume ou une caméra. Parce qu’après tout, Noël, c’est le moment parfait pour raconter des récits qui réchauffent les cœurs. 🎬✨ 

Le combat au cinéma entre deux clowns de l’horreur : Art Le Clown triomphe face à Joker 2

Publiée le 18 novembre 2024

Le monde du cinéma d’horreur adore les figures emblématiques et, ces dernières années, deux clowns ont attiré l’attention du public : le Joker, anti-héros torturé, et Art Le Clown, figure sadique du film indépendant Terrifier. Cependant, la bataille entre ces deux icônes de l’horreur sur le grand écran prend une tournure inattendue en 2024 avec la sortie de Joker 2 et Terrifier 3. Alors que le Joker, incarné par Joaquin Phoenix, avait écrasé le box-office lors du premier volet, cette fois-ci, c’est Art Le Clown qui semble s’imposer dans ce cirque du cinéma.   

Joker 2 : l’attente trop grande ? 

En 2019, Joker avait surpris tout le monde en engrangeant plus d’1 milliard de dollars au box-office mondial, devenant l’un des films les plus rentables de tous les temps avec un budget modeste de 55 millions de dollars. Cependant, Joker : Folie à Deux n’a pas réussi à réitérer cette performance.   

Avec un budget revu à la hausse à 150 millions de dollars, le film, dans ses premières semaines d’exploitation, n’a rapporté « que » 350 millions de dollars au box-office mondial, un chiffre certes respectable, mais bien en deçà des attentes astronomiques que laissait entrevoir le succès du premier opus.   

Ce résultat peut s’expliquer par une surenchère d’attentes artistiques. La transformation du film en une sorte de comédie musicale psychologique, avec Lady Gaga dans le rôle d’Harley Quinn, a déconcerté une partie des fans de la première heure. De plus, la durée du film, ses choix narratifs audacieux et son ton plus expérimental ont freiné l’engouement général.  

Art Le Clown : la montée du roi du gore    

À l’inverse, Terrifier 3 a explosé les compteurs dans le genre de l’horreur indépendante. Produit avec un budget dérisoire de 500 000 dollars (contre 250 000 pour Terrifier 2), le film a surpris tout le monde en dépassant les 50 millions de dollars au box-office mondial dans ses premières semaines d’exploitation. Ce qui impressionne, c’est la rentabilité écrasante de la franchise, avec un retour sur investissement inégalé pour ce type de films. Art Le Clown, en dépit de son manque de reconnaissance dans les circuits mainstream, s’est imposé comme une véritable icône du cinéma d’horreur contemporain. Ce succès repose principalement sur la communauté de fans dévoués qui se sont mobilisés sur les réseaux sociaux pour promouvoir le film et créer le « buzz », en plus de la distribution limitée mais stratégique qui a misé sur le bouche-à-oreille.   

Le triomphe de l’horreur brute ? 

Ce combat entre deux clowns de l’horreur symbolise une dynamique intéressante au cinéma. D’un côté, Joker : Folie à Deux incarne le grand cinéma avec des ambitions artistiques mais également une pression colossale qui pèse sur ses épaules. De l’autre, Terrifier 3 prouve qu’une œuvre viscérale, choquante, et assumée peut captiver un public en quête d’une catharsis sanglante. 

Dans ce duel, le budget modeste et l’approche sans limite de Terrifier ont clairement joué en faveur d’Art Le Clown. Alors que Joker 2 semble stagner dans sa quête de transcender son statut de film de genre, Terrifier 3 joue pleinement la carte de l’horreur gore, en offrant aux spectateurs exactement ce qu’ils recherchent : du pur divertissement horrifique sans prétention. La montée en puissance de cette franchise d’horreur indépendante est un exemple frappant de la manière dont un film de niche peut conquérir le marché à force de passion, d’authenticité et d’une connexion forte avec son audience.   

Paul Gascard 

« Coco » et la Magie du Día de los Muertos : Entre Mémoire et Cinéma

Publiée le 6 novembre 2024

Quand on parle du Día de los Muertos, difficile de ne pas penser à Coco, ce chef-d’œuvre signé Pixar qui a su capturer l’essence même de cette fête unique. Avec ses couleurs vibrantes, ses personnages attachants, et sa manière de parler de la mémoire et de la famille, le film a touché des millions de cœurs. Mais qu’est-ce qui rend le Día de los Muertos si captivant pour le cinéma ? Pourquoi cette fête, à la fois joyeuse et mélancolique, inspire-t-elle tant d’histoires et d’images inoubliables ?

Le Día de los Muertos (Jour des Morts) n’est pas une fête triste, loin de là. Elle célèbre la mémoire des êtres chers qui nous ont quittés, avec l’idée que, pendant deux jours, leurs âmes reviennent nous rendre visite. Des autels décorés de fleurs orange (cempasúchil), des plats délicieux comme le pan de muerto, et des crânes en sucre colorés créent une ambiance joyeuse et émouvante.

C’est une fête où la mort n’est pas vue comme une fin, mais comme une partie intégrante de la vie. Et cette philosophie, qui mélange amour, tradition, et un peu de magie, est au cœur de Coco.

Dans Coco, Miguel, un jeune garçon passionné de musique, se retrouve transporté dans le monde des morts après avoir accidentellement brisé une tradition familiale. Il découvre un univers éclatant où les défunts continuent de vivre, tant qu’ils ne sont pas oubliés par les vivants. Ce monde est une explosion de couleurs, avec des ponts de pétales de fleurs, des bâtiments lumineux, et des personnages squelettes pleins de vie.

La beauté de Coco, ce n’est pas seulement son esthétique (même si, soyons honnêtes, c’est une claque visuelle ). C’est surtout son message. La mémoire, c’est ce qui nous lie. Tant que nous nous souvenons de nos proches, ils continuent de vivre à travers nous (n’est-ce pas réconfortant?).  La chanson « Remember Me » (Recuérdame), chantée dans plusieurs moments clés du film, incarne parfaitement cette idée. Elle passe de chanson joyeuse à berceuse déchirante, tout en gardant ce fil conducteur : ne pas oublier.

Pourquoi le cinéma adore le Día de los Muertos ?

Le Día de los Muertos est un trésor visuel : des couleurs vives, des autels ornés, des crânes décorés… Ce mélange entre tradition et esthétisme spectaculaire est un rêve pour les cinéastes. Le Día de los Muertos parle d’amour, de liens familiaux, et de la mémoire. Peu importe d’où l’on vient, ces thèmes résonnent chez tout le monde. Et puis, contrairement à Halloween ou d’autres traditions, le Día de los Muertos ne met pas en avant la peur ou l’effroi, mais la célébration. La mort n’y est pas un tabou, mais un moment pour rire, se souvenir, et partager.

Si Coco a été applaudi pour son respect des traditions mexicaines, il pose une question importante : comment représenter une culture riche et spécifique sans dénaturer son essence ? Comment raconter des histoires inspirées par des cultures spécifiques sans les réduire à des clichés ou les exploiter ? Peut-on rendre hommage sans s’approprier ? Une chose est sûre : cela demande du respect, de l’écoute, et un véritable amour pour ce que l’on cherche à raconter (et pas que chatgpt!).

HALLOWEEN APROCHE… PRÊT(E) À FRISSONNER ?

Publiée le 29 octobre 2024

Ce soir, sur les coups de 21h, interrompez votre film ou série, fermez les volets, et surtout… N’ouvrez à personne. Nous vous proposons une soirée spéciale : une nuit de lecture, plongée dans des livres terrifiants. Si vous voulez vivre une expérience à glacer le sang, nous vous invitons à vous envelopper dans vos draps, avec une boisson chaude, une lecture horrifique vous attend.  

Prêt(e) à frissonner jusqu’à l’aube ? 

1, 2, 3, nous irons au bois, Philippe Le Roy 

Si vous adorez les escape games et les atmosphères inquiétantes, ce livre est fait pour vous. Fanny, une adolescente fan des réseaux sociaux, tombe sur un jeu très particulier : un escape game dans une forêt sombre, où chaque participant doit affronter ses plus grandes peurs. Ce qui devait être une aventure amusante se transforme rapidement en cauchemar. Des bruits étranges, des découvertes macabres, et l’ombre de la mort qui plane sur eux. Un seul conseil : si vous commencez ce livre, préparez-vous à des nuits sans sommeil… 

Comme toi, Lisa Jewell 

Disparue à l’âge de 15 ans, Ellie n’a jamais été retrouvée. Pas de corps, pas de coupable. Sa mère, Laurel, n’a jamais pu faire son deuil. Dix ans plus tard, elle fait la connaissance de Floyd, un homme charmant, et de sa petite fille de 9 ans. Ce qui est troublant, c’est que cette fillette ressemble étrangement à Ellie… Coïncidence ou sinistre secret ? Ce roman envoûtant vous tiendra en haleine jusqu’à la révélation finale. 

Les Jumeaux Crochemort, Cassandra O’Donnell  

Deux adolescents, placés en famille d’accueil après la mort de leurs parents, découvrent qu’ils ont été réclamés par des grands-parents qu’ils ne connaissent pas. Ils sont envoyés dans une ville mystérieuse, peuplée de malédictions, de fantômes et de dangers. Une chose est à noter : ces jumeaux possèdent chacun des dons spéciaux, qui les mèneront au cœur d’une aventure angoissante. Il s’agit d’un récit où le mystère et la magie s’entrelacent pour captiver le lecteur jusqu’à la dernière page. 

Carrie, Stephen King  

Plongez dans l’un des classiques de l’horreur avec Carrie de Stephen King. Une adolescente brimée découvre qu’elle possède des pouvoirs télékinésiques. À force d’être moquée par ses pairs, elle décide de se venger lors du bal de fin d’année… et ce qui suit est tout simplement terrifiant. Préparez-vous à une vengeance sanglante, un roman qui explore les pires recoins de l’humiliation et de la rage. 

La Patience du Diable, Maxime Chattam 

Et pour finir, voici un thriller psychologique où le mal est omniprésent. La Patience du Diable est une traque infernale qui vous fera frissonner à chaque page. Ne lisez pas ce livre seul, et encore moins à l’extérieur, la nuit… Le suspense est intense, l’horreur subtilement distillée. On pourrait bien vous surprendre à vérifier deux fois que la porte d’entrée est bien fermée, après en avoir terminé la lecture. 

Besoin de plus de frissons ? Si vous voulez davantage d’horreur pour cette soirée, je vous recommande également L’Enfant des Cimetières de Cédric Sire. Ce livre, hanté par les ombres et les esprits, est tellement terrifiant que nous n’avons même pas osé le terminer… Préparez-vous à une expérience littéraire intense, et surtout, à ne plus jamais voir les cimetières de la même manière. 

Nous vous souhaitons de belles et terrifiantes lectures ! 

Laury-Anne Mi-Poudou 

Octobre rose, le Cinéma Sensibilise !

Publiée le 23 octobre 2024

Le mois d’octobre signifie beaucoup de choses : halloween approche, l’automne est bien présent ou encore que Rafael Nadal prenne sa retraite après 23 ans de carrière pro (soyons touché.e, snif). Mais le mois d’octobre est aussi un mois rose, qui veut dire mois rose, veut dire “sensibilisation”. Quoi de mieux que le cinéma pour parler à nos cœurs.

Longtemps associé à la féminité et à la tendresse, le rose est aujourd’hui bien plus. C’est devenu une couleur de force, portée fièrement dans la lutte contre le cancer du sein. Octobre Rose, c’est un mois entier pour rappeler l’importance du dépistage, pour soutenir celles qui se battent et honorer celles qu’on a perdues.

Au cinéma, le rose ne se limite pas à une couleur. Il devient une émotion. Un décor doux dans un moment dur. Une lumière rassurante dans l’obscurité (j’ai encore pleins d’autres comparaisons mais vous avez compris !). Une façon de dire qu’on continue d’espérer, quoi qu’il arrive. Dans « Barbie », (par exemple) un film baigné de teintes roses éclatantes, les couleurs flashy du début cèdent progressivement à des tonalités plus sobres au fil de l’histoire. Une évolution qui apporte, au final, un regard plus léger et nuancé. La couleur rose, véritable fil conducteur, nous accompagne tout au long de l’histoire de Barbie (et Ken), évoluant avec eux et reflétant leurs transformations.

En ce qui concerne les films retraçant l’épopée d’une personne vivant avec ou accompagnant quelqu’un atteint du cancer du sein, ces œuvres ne se limitent pas à susciter les larmes (même si, avouons-le, elles y parviennent souvent ). Elles révèlent surtout la réalité, la force et l’amour qui perdurent malgré les épreuves.

Prenons « Ma Ma » (2015) : Avec Penélope Cruz dans le rôle principal, ce film bouleverse en suivant Magda, une femme qui choisit la vie et la joie malgré la maladie. Un vrai coup au cœur. Ou encore « Miss You Already » (2015) : Toni Collette et Drew Barrymore nous offrent une ode à l’amitié. Ce film montre que même face au cancer, on peut rire, pleurer et s’aimer. Préparez les mouchoirs.

Et puis nous avons « We Live in Time » : Aimer au présent (Ne me demandez pas pourquoi on a voulu traduire le titre.) Prévu pour le 1er janvier 2025, « We Live in Time » (avec Andrew Garfield et Florence Pugh) raconte une histoire bouleversante. Celle de Tobias et Almut, une jeune cheffe cuisinière pleine de rêves. À travers des flashbacks, on découvre leur rencontre, la naissance de leur fille et le combat d’Almut contre le cancer. Ce film promet de nous rappeler une chose essentielle : l’amour au présent, celui qui ne recule pas face aux épreuves. Un mélange de douceur, de douleur et de beauté qui restera gravé dans nos cœurs.

Bon vous l’avez compris,le cinéma et le rose, c’est une histoire d’émotions. Des récits qui nous touchent, qui nous font réfléchir, mais surtout qui nous rappellent qu’il y a toujours de la lumière, même dans les moments sombres. Alors, que ce soit pour Octobre Rose ou juste pour célébrer la vie, laissez le rose s’inviter dans vos écrans… et dans vos cœurs (Oui, c’est cliché, mais bon, on s’habille tous en noir et bleu foncé de nos jours, alors un peu de couleur, ça peut être sympa.)

Carpe Diem : pourquoi l’automne est la saison la plus cinématographique

Publiée le 15 octobre 2024

L’automne, avec ses teintes dorées, ses brumes et son air frais, est une saison qui semble née pour le cinéma. Elle offre une atmosphère unique, un tableau vivant où chaque détail respire l’émotion. C’est une période de transition, un entre-deux subtil entre la lumière éclatante de l’été et l’obscurité enveloppante de l’hiver, qui invite à réfléchir, à savourer l’instant présent avant que tout ne change.

Son esthétique est tout aussi évocatrice : ce grain d’image, ce « bruit » presque tactile, confère une texture et une profondeur aux scènes. Les feuilles qui tombent doucement, le ciel voilé, et les couleurs riches et saturées traduisent cette douce mélancolie qui nous pousse à nous reconnecter à nos souvenirs, à nos propres transitions intérieures.

Cependant, il n’est pas seulement question d’un décor, mais d’un véritable personnage. Les personnages liés à l’automne capturent cette essence : ils nous touchent par leur chaleur, leur nostalgie, ou leur quête de renouveau, des qualités qui résonnent profondément en nous.

Pourquoi ces personnages sont-ils si captivants ?

Parce que l’automne, comme eux, est une saison de transition. Il représente ce moment entre la fin et l’approche d’un nouveau chapitre, une période où l’on accepte le changement tout en s’accrochant aux souvenirs. Ces personnages, souvent marqués par une profondeur émotionnelle et une humanité palpable, reflètent cette même dualité. Ils sont chaleureux mais empreints de mélancolie, joyeux mais conscients de l’éphémère.

John Keating – Dead Poets Society

Interprété par : Robin Williams. John Keating, le professeur charismatique et inspirant, incarne l’essence de l’automne : la réflexion, la transformation, et une douce mélancolie. Avec son célèbre « Carpe Diem », il invite ses élèves à saisir chaque instant et à trouver leur

propre voie, tout comme l’automne nous pousse à contempler le passage du temps. Sa chaleur humaine et sa philosophie laissent une empreinte indélébile.

Lorelai Gilmore – Gilmore Girls

Interprétée par : Lauren Graham. Lorelai Gilmore, avec son énergie pétillante et son amour pour Stars Hollow, est l’incarnation parfaite de l’automne dans une petite ville. Entre les festivals, les cafés chaleureux, et ses discussions infinies autour de boissons chaudes, elle apporte une chaleur réconfortante. Son humour et son lien profond avec sa fille Rory reflètent cette saison où légèreté et introspection coexistent.

Amélie Poulain – Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain

Interprétée par : Audrey Tautou. Amélie, avec sa vision unique du monde, incarne l’automne par son mélange de nostalgie et de chaleur. Elle cherche à embellir la vie des autres à travers de petits gestes, tout comme l’automne embellit le paysage avec ses teintes dorées. Sa sensibilité et son goût pour les plaisirs simples font d’elle une représentation poétique de cette saison.

Jo March – Little Women (2019)

Interprétée par : Saoirse Ronan. Jo March, avec sa passion pour l’écriture et son amour pour sa famille, incarne l’esprit automnal par son mélange de nostalgie et de détermination. Elle est une figure chaleureuse, pleine de rêve et d’ambition, tout en portant sur ses épaules le poids du temps qui passe et des liens familiaux qui évoluent. Son énergie créative fait écho à l’introspection et au renouveau que l’automne inspire.

Vous l’avez compris on s’attache à eux, à l’automne par l’incarnation de sentiments universels. Ralentissez, savourez les petits moments. L’automne, en tant que « personnage », est profondément humain. Il incarne nos transitions, nos doutes, mais aussi notre capacité à trouver du réconfort et de l’espoir dans ce qui reste. C’est peut-être pour cela qu’à chaque automne, nous retrouvons ces personnages avec un mélange de nostalgie et de gratitude.

Le Fil de Daniel Auteuil : Défendre avec le cœur 

Publiée le 24 septembre 2024

Le 11 septembre 2024 est sorti au cinéma le dernier projet de Daniel Auteuil intitulé Le Fil. Le long métrage narre le procès d’un père que l’on accuse du meurtre de sa femme. Son avocat prend exceptionnellement l’affaire et commence, petit à petit, à s’investir personnellement pour son client. 

Chacun sait que la justice se doit d’être la plus impartiale possible et ne prendre en compte que les faits et non l’affect. Cela s’applique bien sûr aux avocats. Ils doivent être solides sur les preuves qu’ils avancent et prendre un maximum de recul sur les affaires pour éviter de tomber dans la compassion ou l’empathie. Voilà tout le propos de ce film, il s’interroge sur la “bonne” façon de défendre mais aussi sur la question de l’interprétation d’un fait. 

Résumé et construction

Le maître Jean Monier travaille comme avocat dans les environs d’Arles. Ce dernier ne s’est toujours pas remis de son dernier procès à la Cour d’Assises 3 ans plus tôt. Il a, à ce moment-là, innocenté un meurtrier qui s’est remis à attaquer peu après sa libération. Il s’est juré de ne plus mettre les pieds dans une Cour d’Assises pour éviter un tel drame. Il finit cependant par céder à sa femme et part interroger le client en question. Cet homme s’appelle Nicolas Milic et il est soupçonné de meurtre sur sa femme. Il est le père de cinq enfants et déclare que sa femme aurait quitté le domicile fortement alcoolisée et ne lui aurait pas laisser de nouvelles depuis ce départ. Il pretend même avoir été griffé par sa femme avant qu’il ne perde patience et l’insulte assez sèchement. En entendant cette histoire, Monier décide de reprendre l’affaire pour rendre à ses enfants Nicolas Milic.  

Le film est construit sur une alternance entre les séquences du procès, du premier au dernier jour, et d’autres séquences qui traitent de l’enquête et de l’évolution de la psychologie des personnages liés à ce dossier. Il est aussi ponctué de flashbacks pour situer le spectateur lorsqu’un suspect ou un témoin raconte ce qu’il a vu ou pas. 

La question de subjectivité 

Si nous devions résumer le film à une seule thématique, ce serait celle de la subjectivité. Que ce soit sur le fond ou sur la forme, les deux mettent cet aspect en avant. En ce qui concerne la narration du film, la réalisation a fait le choix de ne pas mettre de personnage omniscient ou de plan de caméra qui donnerait un détail de plus à l’audience. Cela permet de plonger le spectateur dans la peau d’un des personnages, on est invité avec la Cour, à assister au dénouement du procès. Aussi le personnage de Monier est amené dans son écriture à très vite concevoir une vision parfaitement illusoire des faits qui vous sont proposés depuis le début. Il va se reconnaître dans ce personnage, s’y attacher, il va se convaincre qu’il est innocent et être déterminé à mener son affaire au bout. Le spectateur se retrouve donc dans la même position que Monier, il est perdu, seul face à ses propres convictions donc il se raccroche à tout ce qu’il peut pour s’en sortir puisque en aucun cas les avancées du camp adverse sont montrées à l’audience. 

Sur le fond comme sur la forme, le film parvient à offrir une approche intéressante d’un film de procès, souvent lent et progressif. Il déconstruit également l’image traditionnelle de l’avocat, souvent perçu comme froid et calculateur. Dans “Le Fil”, l’accent est mis sur l’aspect humain et psychologique de la profession. L’avocat est montré comme vulnérable, sensible, et presque proche de nouer une relation amicale avec son client. Reste à savoir si cela suffira pour sauver Nicolas. 

  

Théo Tourneur 

Kaizen : l’amélioration continue comme solution à nos dérives modernes

Publiée le 19 septembre 2024

Le documentaire “Kaizen : 1 an pour gravir l’Everest” du youtubeur Inoxtag explore plus qu’une prouesse physique. À travers le prisme du kaizen, un concept philosophique japonais centré sur l’amélioration continue, Inoxtag nous plonge dans une réflexion profonde sur l’équilibre entre dépassement de soi, respect de l’environnement, et prise de conscience de l’impact de la surconsommation.  

Le concept philosophique du Kaizen : l’amélioration progressive

Kaizen signifie littéralement « changement bon » (“kai” = changement, “zen” = bon) et prône l’idée qu’il est possible d’améliorer constamment, par petites étapes, aussi bien son quotidien personnel que ses pratiques professionnelles, ou, globalement, son rapport à la vie. Popularisé par le milieu de la gestion d’entreprise au Japon, après la Seconde Guerre mondiale, le kaizen a évolué pour devenir un principe de vie, axé sur la constance dans l’effort et l’amélioration individuelle. 

Dans le cadre du documentaire, Inoxtag incarne cette philosophie en s’engageant dans une préparation d’un an pour gravir l’Everest, une transformation progressive et durable. Son évolution d’un jeune homme plongé dans les jeux vidéo à un alpiniste capable d’affronter l’une des montagnes les plus dangereuses du monde illustre bien le concept d’une amélioration graduelle, où chaque jour représente une nouvelle opportunité de progresser. 

Le kaizen, appliqué à l’ascension de l’Everest, ne se traduit pas par un exploit soudain ou un succès spectaculaire et immédiat. Il s’agit d’un processus qui implique d’accepter l’effort constant, les petits ajustements, et la détermination dans le temps. Cette philosophie trouve un écho significatif dans notre monde contemporain, où les solutions rapides sont trop souvent valorisées, tandis que la patience et la progression sont souvent sous-estimées.   

L’environnement : victime de notre surconsommation 

En parallèle de cette quête personnelle, le documentaire met en lumière un problème beaucoup plus large : l’impact du tourisme de masse sur l’Everest et, de manière générale, les questions liées à l’environnement. Depuis des décennies, l’Everest est victime de son propre succès. Chaque année, des centaines d’alpinistes affluent pour gravir le sommet, mais derrière cet engouement se cache une réalité inquiétante : la pollution. 

D’après un rapport de l’Himalayan Database, environ 50 tonnes de déchets sont laissées chaque année sur l’Everest, incluant des tentes abandonnées, des bouteilles d’oxygène, et autres détritus. Cette accumulation de déchets, dans un environnement aussi pur que celui de l’Himalaya, symbolise l’impact négatif du tourisme de masse sur les écosystèmes fragiles. Le défi environnemental ne se limite pas à l’Everest : le documentaire mène à une réflexion sur l’état de notre planète, qui subit de plein fouet les effets de la surconsommation. 

Le message de Kaizen est clair : si l’amélioration personnelle est importante, elle doit s’accompagner d’une prise de conscience écologique. Chaque action que nous menons, chaque défi que nous nous lançons, doit se faire dans le respect de la nature. Inoxtag, en gravissant l’Everest, montre que la quête du dépassement de soi ne doit pas être déconnectée de la nécessité de préserver la planète. 

L’addiction aux écrans : une nouvelle montagne à gravir 

Enfin, au-delà de l’aspect environnemental, Kaizen propose une réflexion sur la surconsommation d’écrans, un phénomène qui touche une grande partie des membres de la société moderne. Selon une étude de We Are Social en 2023, les Français passent en moyenne 6 heures et 59 minutes par jour devant un écran. Ce chiffre met en lumière l’ampleur de l’addiction au numérique, surtout chez les plus jeunes, souvent enfermés dans des habitudes qui nuisent à leur santé mentale et physique. 

Inoxtag, lui-même issu de cet univers numérique puisqu’il est streamer, témoigne à travers son ascension d’une forme de rejet de ce mode de vie sédentaire et virtuel. Le documentaire Kaizen devient ainsi un appel à sortir de l’enfermement digital pour renouer avec le monde réel, la nature, et l’effort physique. Cette prise de conscience est essentielle, car la surconsommation d’écrans n’est pas sans conséquences : elle peut provoquer des troubles du sommeil, des problèmes de concentration, et une diminution de l’activité physique. D’après l’OMS, près de 85 % des adolescents dans le monde ne pratiquent pas assez d’activité physique, une tendance amplifiée par l’addiction aux technologies. 

Kaizen : vers une amélioration durable 

Au final, le documentaire illustre la nécessité d’une “amélioration continue” à trois niveaux : personnel, environnemental, et sociétal. Inoxtag montre que le kaizen, en tant que philosophie, peut nous aider à sortir des schémas de surconsommation et de passivité numérique pour adopter un mode de vie plus actif et plus conscient. Cependant, ce processus ne se fait pas du jour au lendemain. Il faut des efforts progressifs, des prises de conscience, et une volonté de changer durablement.  

Face à des défis comme la pollution environnementale et la dépendance numérique, il est essentiel d’adopter un état d’esprit kaizen. En commençant par de petites actions : passer moins de temps sur nos écrans, réduire notre impact écologique, et chercher à progresser jour après jour, nous pouvons améliorer à la fois notre bien-être individuel et l’état de notre planète. 

Somme toute, “Kaizen : 1 an pour gravir l’Everest” n’est pas seulement un récit d’aventure, mais un appel à chacun d’entre nous pour prendre la voie du changement, un pas à la fois, avec pour objectif un avenir plus durable et équilibré. 

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