« La musique m’a sauvé », confie Jérôme Rebotier. Lorsque, enfant, il perd ses parents, il se voit confié à une tante professeure de musique entre l’âge de 7 et 10 ans : elle lui fait découvrir Mozart et d’autres grands compositeurs, ce qui se révèle une véritable thérapie. Chez sa tante, qui lui apprend toutes les bases, la musique est omniprésente, mais Jérôme se considère avant tout comme un autodidacte. Plus tard, il racontera dans un roman, Dans la cour, l’histoire d’un jeune garçon qui s’affranchit de son enfance difficile grâce à la musique. Quand il découvre que Dany Elfman était lui aussi autodidacte, il se sent inspiré pour écrire des pièces pour orchestre.
Adolescent, il écoute beaucoup de country, de crooners et, plus généralement, de musique américaine des années 50. Sollicité par un étudiant de la Femis, il compose une partition country pour son film de fin d’études. Puis, il écrit un trio à cordes pour un court métrage, Le Modèle (1996) de Guillaume Deffontaines, étudiant de Louis-Lumière devenu chef-opérateur par la suite.
Mais c’est en travaillant dans un vidéo-club spécialisé dans le cinéma d’auteur qu’il se forge sa culture cinématographique. Il participe à plusieurs courts métrages avant d’avoir la chance de composer la partition de Laissons Lucie faire (1999) d’Emmanuel Mouret. Grâce au retentissement du film, il enchaîne avec Les Âmes câlines (2001) de Thomas Bardinet. Pourtant, c’est sa rencontre avec Matthieu Delaporte et Alexandre De la Patellière qui sera déterminante pour la suite de sa carrière. Après être devenu copain avec Matthieu en Terminale – « je recopiais sur lui et je lui faisais écouter les répètes de mon groupe de rock » –, il le retrouve à l’occasion de la projection d’un court métrage auquel il venait de participer. Quelques années plus tard, Delaporte et De la Patellière proposent à Jérôme de composer la musique de leur tout premier long métrage, La Jungle (2005). « J’ai tout donné sur ce film », raconte-t-il. « Du coup, comme ils étaient contents de mon boulot, ils m’ont de nouveau sollicité pour Le Prénom alors qu’au départ il n’était pas question que je le fasse. » Depuis, Jérôme Rebotier est devenu le compositeur attitré du binôme de réalisateurs.
Ce qui ne l’empêche pas de collaborer avec d’autres cinéastes, comme Tonie Marshall (Au plus près du paradis, Vénus et Apollon) ou Pierre Coré (Sahara, L’aventure des Marguerite). Vers la fin des années 2010, en constatant qu’il est beaucoup sollicité pour des comédies qui ne lui plaisent pas, il se tourne davantage vers le documentaire. « Je m’investis énormément dans ce que je fais et je me suis rendu compte qu’il vaut mieux garder son énergie pour les projets qui en valent le coup », dit-il encore. À l’image du Comte de Monte-Cristo (2024) pour lequel il compose une musique thématique en la mêlant à des codes plus modernes et en s’inspirant d’Ennio Morricone à qui il voue une vraie passion.